LIGNES ET MARCASE
Paul Van Dessel
poète
Une ligne nʼest pas lʼ autre.
Toutes les lignes sont différentes, sensibles au changement, tout comme la vie.
Elles trahissent leur créateur,
assertif ou timide, conceptuel ou tangible, ...
Il y en a peu qui les reconnaissent
immédiatement, peu qui les suivent de près.
Marcase en fait partie,
il les marque avec intuition cèrèbrale sur des supports sensibles que la toile, le papier, le plâtre, ...
Ses lignes exposent sa vie
mais aussi la notre. Parfois elles commencent juste quelque part, parfois elles sont dissolues, parfois elles marchent à lʼ infini, parfois pas plus loin que ça ...
Une ligne ne serait pas une ligne
sʼ il nʼ y avait pas dʼ espace, elle nʼ existerait quʼ en elle-même.
Sur une surface stratifiée,
dans une limite illimitée,
ses lignes deviennent significatives.
Si elles sont ludiques,
esthétiques ou confuses, retenues, strictes ou explorantes, pointues ou vagues, elles posent toujours des questions ou donnent des réponses.
Parfois, elles vont à la recherche d'eux-mêmes.
Elles se lancent dans une danse angulaire ou gracieuse pour sʼ étendre dans le noir. Excentriques ou accommodantes, contrôlées ou à l'étroit, elles veulent rencontrer d'autres lignes, des différentes formes, ou entrer dans le dialogue, dissoudre eux-même, ignorer lʼ inévitable, aller à la guerre ...
Dans leur présence évidente
elles semblent ne venir nulle part et ne pas aller nulle part pour exister dans un monde mystérieux. De temps en temps ils s'arrêtent soudainement, il y a perturbation et vous êtes surpris, vous êtes rejeté sur vous-même, votre concept statique adouci.
Parfois, ils se tiennent dans la zone intermédiaire
pour se référer en hésitation à l'espace et ... à eux-mêmes, ou ... pour hiérarchiquement, parfois hiératiquement, diviser lʼ espace et ... eux-mêmes. Mais toujours elles encouragent à méditer.
Parce que c'est ce que font les lignes
et ce que fait Marcase. Ils nous font réfléchir sur le monde et notre relation avec eux ...
© Paul Van Dessel, Antwerpen april 2018.
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