JE VOYAIS APOLLON JOUANT AVEC DIONYSOS, JE VOYAIS DEUX JUMEAUX

 

Daniel Billiet

Cat. Elisabeth Franck Gallery. Knokke-Heist 1981

 

Quel genre d'art est important?

L'œuvre qui est sensible à la tendance? Quelque chose qui se vend bien ? L'œuvre révolutionnaire qui dépasse les bornes ? L'art qui a un impact social ? Ou est-il important qu'un problème, créé par l'artiste, soit résolu d'une façon artistique ? Ou est-ce l'œuvre qui frappe l'amateur d'art directement ? Et ainsi nous pouvons continuer.

A mon avis, la question sur l'importance de l'art peut avoir des réponses très divergentes, mais toutes satisfaisantes. Chacun la répond selon ses propres normes. Et je crois qu'il le faut ainsi. Dans la maison de l'art il y a beaucoup de chambres. Et la suite n'est pas toujours prise par les plus importants, peut-être occupent-ils bien une mansarde sans peinture.

A mon sens, un art qui réussit à répondre à tant de prévisions, rassemblées harmonieusement, mérite l'épithète 'classique'. Marcase produit un tel art.

Son œuvre, est-il sensible à la tendance? Oui, si du moins le terme tendance reflète ce qui occupe l'homme ici et aujourd'hui. Est-il révolutionnaire et dépasse-t-il les bornes ? Assurément, en ce qui concerne la technique et le sujet, il fréquente des chemins plastiques non frayés. Son art a-t-il un impact social ? Certes, pas dans le sens du pauvre réalisme du béton, mais bien dans ce sens qu'il fait réfléchir le spectateur. Marcase résout-il avec art un problème plastique qu'il s'est posé lui-même ? Sans aucun doute. Regardez comment il réussit à reproduire l'élément statique et l'élément dynamique au moyen de la répétition. Cet œuvre frappe-t-il l'amateur d'art directement? Qui, car il flatte la vue, même observé superficiellement.

Mais il y a autre chose. Même I 'amateur d'art le plus exigeant appréciera cet œuvre. Il cache tant de facettes d'une façon tellement passionnante, que vous pouvez le lire chaque fois d'une autre façon.

On dit à juste titre que son œuvre le plus récent rayonne une force magique. D'autres disent qu'il est très religieux. A man avis, les deux affirmations sont exactes. Ainsi, dans beaucoup de religions la répétition joue un rôle important. La répétition du chant et de la prière donne naissance à un climat de méditation, voire même à un état d'extase. Les œuvres de Marcase exhalent ce monde méditatif et invitent en même temps le spectateur à méditer à son tour. Gomment, sur quoi donc ?

Nietzsche divisait l'art selon le contraste apollonien-dionysiaque. Apollon, le dieu de la raison - Dionysos, le dieu du sentiment. Marcase a traduit ce contraste d'une façon plastique. Le blanc statique face au vert dynamique. Les structures naturelles face aux structures définies par l'homme. Etc. Dans son œuvre antérieur il représentait cette ambiguïté comme un contraste. Dans son œuvre plus récent on trouve plutôt une coexistence harmonieuse entre ces deux données primitives. Sans doute a-t-il conclu que chez l'homme aussi il n'est pas facile de faire le départ entre la raison et le sentiment.

En choisissant une harmonie monochrome, son œuvre est ascétique et sobre. La couleur devient rapidement dominante, en outre les connaisseurs d'art le qualifieraient très probablement comme un patternpainter américain, ce qui ne va pas du tout ensemble avec ses thèmes.

Celui qui a suivi son œuvre depuis longtemps, a observé une expédition passionnante. Bien qu'il y a apparemment un abîme entre ses premières œuvres presque hyperréalistes et ses œuvres plus récentes, Marcase est toujours resté fidèle à soi-même. 11 recherche toujours l'expression plastique du contraste entre le monde intime et la réalité.

 

Marcase: Meditatieve compositie X 1980 - mixed media - 123cm x 150cm

 

Marcase: Meditatieve compositie V 1980 - mixed media - 101cm x 101cm

Marcase: Meditatieve compositie XI 1980 - mixed media - 101cm x 101cm